La madeleine Jackson

JACKSON BROWNE ,L’EFFET MADELEINE

En 1978,il y a bientôt très longtemps ,je partais faire le plus grand voyage de ma jeune vie d’adolescent ;rejoindre Terry ,mon correspondant d’Amérique ,un teenager portant lunettes , mince comme un roman de Christian Bobin,affable ,enthousiaste.À son jeune âge ,seize ans tout juste ,il m’emmenait au volant de sa gigantesque « Station wagon »,à travers la ville et la campagne inondées d’un inattendu soleil d’Octobre.Tout était possible ,permis,nous buvions des bières , plusieurs dans des soirées qui n’en finissaient plus où parfois l’on croisait le regard plein de promesses des jeunes filles américaines.Tout cela se passait dans une petite bourgade appelée Concord,proche de Boston.La musique envahissait chacun de nos espaces, particulièrement celui confiné des voitures,symboles d’une liberté à venir dans notre vieux continent .Des hauts parleurs de ces vaisseaux magiques jaillissaient les chanson du Groupe Boston « more than a feling »,une sorte de rock F.M ,tonique et légèrement vulgaire ainsi qu’un immense succès du moment « Running on empty »,de Jackson Browne .Ce titre particulièrement long me semblait résumer à lui seul l’ivresse de la découverte d’un pays où je croyais tout possible,où je croyais la liberté sans limite.Avant le départ ,j’avais longuement croisé le regard d’Amy,une brune piquante et délicate.Nos timidités respectives nous avaient tenus loin de l’autre durant tout le séjour.Le dernier jour ,alors que la cérémonie des adieux battait son plein ,que les gorges se nouaient,nous avions pris notre courage à deux mains ,la sienne ,la mienne ,l’une dans l’autre,nous avions échangé ces quelques minutes qui bouleversent un adolescent.Un peu plus tard,notre bus filait vers New York,une autre histoire,nous ne reverrions plus jamais nos « correspondants » .
Il y a deux jours,à Paris , ville d’île de France ,j’ai acheté un magnifique album « Jackson Browne –Accoustic vol 1 ».
À travers une voix intact ,peut-être encore magnifiée par la maturité.un jeu de guitare d’un sobre fluidité, et cette formidable capacité à raconter sans prétention des histoires simples j’ai revu ces images ,ces visages,ces paysages.
Évidemment ,vous n’avez connu ni Amy ni Terry, mais à travers cette voix qui dit vrai vous sentirez leur présence ,leur regard à travers ces histoires d’Amérique,à travers cette musique folklorique unique et puissante,celle d’un pays perdu et sans cesse surprenant.