Question du moment

Je répondais l'autre jour à une interview pour le journal l'Humanité qui concernait les Crooners perdus , qui ont d'ailleurs été aperçus , nous y reviendrons ,à l'Usine Springcourt , impasse Piver , 75011 Paris .Au terme de cette entretien , je m'enquiers de la date de publication et le journaliste qui bien sûr n'y est pour rien , me donne une date en me précisant que s'il y a des "Dates à Paris " , nous pouvons harmoniser tout cela et faire coïncider la publication de l'article avec une prestation "en les murs ".
Je constate alors deux choses
1 Paris est toujours Paris , quoiqu'on en dise et le centre du monde autistique , le point de départ du grand Tout artistique ...Il me semble que c'est à déplorer non ? à combattre certes ...On parle très volontiers de délocalisation mais bon ...
2 Je me demande par ailleurs si nous autres troubadours n'avons pas perdu le contrôle de nos véhicules .
Je m'explique , si j'y parviens ...
On enregistre un disque , on le sort (ds le meilleur des cas ...) et on fournit le package qui va avec , à savoir la formule concert à 14 euros cinquante , café compris ..Ensuite , lorsque tout cela est prêt (et même parfois avant ) on confie cela à une équipe de choc composée de :
une maison de disque ,un attaché de presse , un tourneur , un manager etc etc.... Tout ce petit monde de travailleurs acharnés s'adresse à la presse , aux diffuseurs (de spectacle "Vivant" ) à la radio , la télévision si affinités ...
La question est simple :
Fait-on des disques pour trouver des concerts ?
Si c'était le cas , il serait bien triste de proposer au public un objet destiné au démarchage à une somme avoisinant les 20 euros et qui n'aurait en rien été conçu pour abreuver leur salons de sonorités enchanteresses .Voilà un premier sujet de réflexion
-Doit-on nécessairement proposer sur scène ce qui a été enregistré sur disque ...Le jazz est-il une forme musicale qui induit une telle logique ?
Je ne puis répondre finalement qu'en fonction de ce que je ressens et des désirs qui m'animent ....
Lorsque je confectionne avec amour un objet discographique matérialisé ou non (cette problématique n'a rien à voir avec l'affire qui nous concerne ), je fais du cinéma , je ne me limite pas , si j'ai l'envie et les moyens de le faire , je n'hésite pas à convoquer cordes , électroniques , chanteurs invités , scie musicale et quatuors de thérémines ...Je ne veux Rien faire en fonction d'un avenir scénique (et qui plus est incertain ) , j'ai simplement le bonheur de rêver à des ailleurs de sons de couleurs et de musique ...
Et là intervient la question : Mais comment allez vous tourner avec cette formule (question fréquemment formulée par maisons de disques, artistes dont je réalise des albums , diffuseurs etc)
...Mais je me fous de tout cela , vraiment , au cinéma , on ne demande pas à un réalisateur comment il va adapter son film au théâtre , je pense que la problématique est la même .
Par ailleurs , le Jazz est affaire d'expérience , de rencontres ...Il semble qu'en mettant peu à peu en action cette logique incontournable disque/scène , on impose (involontairement?) l'idée du projet à tout prix et du filet garni au premier maillon de la chaîne , à savoir à nous autres troubadours, qui en ce sens avons été bien dociles sur ce coup-là -il faut dire que les choses ont évoluées lentement mais sûrement ... .
Quoi de plus exaltant que de s'entendre proposer des cartes blanches , des associations apparement contre nature , des choses auxquelles on n'aurai pas pensé tout seul peut-être ou des idées qui nous viennent parce que l'on stimule cette partie de notre cortex ...Celle de la boîte à idées...Pour cela , il faut une bonne dose de confiance en nous (de la part des diffuseurs ) en soi ( chez les diffuseurs , les programmateurs qui ont eux aussi le droit à l'imagination et à la proposition )
Ce serait tellement bon de descendre (ou monter ) les marches d'un lieu ou l'on sait que chaque soir il va se passer quelque chose que l'on n'a jamais entendu...Et puis , soyons sérieux , on parle que de projets depuis quelques années , on ne fait plus des disques mais des" Projets ", mais on pourrait aussi se dire "Tiens , j'ai envie de programmer untel , voyons un peu ce que nous pourrions imaginer ensemble ....Du coup , on se retrouve à concocter une foule d'hommages à des peintre cubiste s, des auteurs zappatistes , des poètes buveurs d'absinthe ...
Tout cela pour dire qu'il serait intéressant de réfléchir à tout cela , ensemble , personne ici n'est visé ...C'est simplement qu'on s'oriente vers des choses qui semblent s'éloigner de ce qu'est le Jazz sur le plan esthétique , historique etc...des rencontres , des idées nouvelles , des prise de risque , si on prenait parfois le risque de faire une soirée ratée plutôt que de programmer ce que notre voisin a aimé et amorti
ET surtout à nous , musiciens , de réfléchir au fait que out n'est pas affaire de promos , qu el(on ne devrait pas nécessairement partir en tournée pour vendre un disque ...Il faut juste y réfléchir , toutes ces choses se sont faîtes à notre insue , à l'insue de tous musiciens , diffuseurs maisons de disques etc ...
On en parle non ?