L'autre jour, à l'abord d'un de ces accueillants ronds-points dont seul notre beau pays a le secret et qui nous permet grâce aux plantureux arbustes, aux diverses couronnes de fleurs qui leur donnent ce petit supplément d'âme ,d'observer avec délice la portée de nos impôts locaux , j'étais nuitament en train de m'égarer en souplesse sur les chemins d'un retour différé bien que d'une indiscutable sobriété ...Un imposant comité d'accueil armé de lampes électrique vieux campeur , de clés à molettes ,d'opinels, d'armes à feu , que sais-je encore ...m'ordonne d'une voix qui donne à ce verbe des allures de pléonasme de stopper là mon errance( la police montée pratique un langage des signes basé sur d'étonnantes arabesques qui doivent sans nul doute leur complexité à un récent ballet contemporain dont le nom m'échappe à l'instant ....Or donc , me voici stoppé , perplexe et en position d'attente .Pour détendre l'atmosphère sans pour autant caresser l'illusion de planter une ambiance débonnaire et de terminer cet intermède en lambada ,j'envisage de tenter de démontrer à ces jeunes godelureaux que Oui j'aime la police ,les uniformes, que petit j'aurais aimé avoir une belle carabine à plombs...Que Non , je n'ai rien fait de mal et que Oui , on va pouvoir régler tout cela d'homme à hommes (ils étaient vingt et cent , ils étaient des milliers), pour toutes ces raisions donc , je m'apprête à extraire mon corps ,encore plié en deux ,de l'habitacle...
Un "Restez à l'intérieur du véhicule monsieur " qui résonne encore dans la nuit de mes terreurs m'indique que je rejoins le club des "individus " et que j'ai été instantanément délesté de mon statut de camarade potentiel ....S'ensuivent une série de remarques acerbes et ,frôlant le désobligeant dont le ton vise sans doute à émousser une patience longuement forgée à l'assidue fréquentation des écrits de Lao Tseu ,Gandhi et à l'écoute quotidienne de l'oeuvre complète des frères Dagar et Bhimsen Joshi.Je dois avouer que malgré leurs efforts , jamais ils ne me virent autrement qu'en lotus , trois bon mètres au dessu du sol et pourtant in vehiculo, prêt à proposer à ce vieil Arthus Bertrand une collaboration sur le thème "les képis vus du ciel".Je confesse humblement avoir hautement jubilé en répondant à la question "Avez-vous consommé des boissons alcoolisées Monsieur ?" par un "Pas depuis trente ans, mais je serai ravi de souffler dans un ballon ...." Ce qui bien sûr excite le fonctionnaire , un peu par le soupçon d'ironie de la réponse , surtout par l'immense espoir que j'ai pu Lui Mentir ...Il n'en fut rien.Pouvez-vous sortir du véhicule Monsieur...Autant on peut être créatif en expression corporelle , autant l'expression orale est un peu décevante dans la corporation, véhicule , individu , papiers...Mais on ne peut pas tout avoir ...Je m'extrait donc de l'habitacle (il faudrait savoir ...).Venez monsieur ...Regardez vos feux ...Silence , je regarde mes feux , je suis perdu , je ne sais que répondre , je voudrais pourtant leur faire plaisir ,les rendre heureux... un commentaire , une (auto)critique , une confession , des pleurs , des aveux ...Je sais qu'ils attendent de moi un signe , un geste , un instant de complicité peut-être ...Je panique...Vous ne remarquez rien ?...Réflexion
intense rapide , un film en 96 images/ seconde .NON ?....Et vos antibrouillards ?
(rapide check up :les codes sont allumés , je ne suis pas en phare , mais il y a en bas deux yeux qui brillent un peu trop et qui font rallye ...C'est donc cela les antibrouillards!
..Ah oui , je me disais qu'il y avait beaucoup de lumière et j'ai touché un bouton tout à l'heure et cherchant quelque chose dans ma voiture , j'ai dû activer les antibrouillards (en me disant qu'il va bien falloir que je trouve un moyen de les éteindre ces putains de feu avant de prendre congé devant tous ces fonctionnaires bredouille...au moins j'aurai appris à écrire un mot :ANTIBROUILLARD, en un mot et un seul , comme quoi ,police et éducation ...Thanks guys