Sunday, September 26, 2010

Interview Suisse

quelques questions et mes réponses à nos amis suisses chez qui l Orchestre national de Jazz s'en va aller sous peu



Vous avez été, en 2008, le premier directeur artistique nommé à la tête de l'ONJ. En quoi votre rôle diffère-t-il de celui de vos prédécesseurs?

Mes prédécesseurs étaient des directeurs musicaux qui défendaient une musique dont ils avaient eux seuls la paternité .Dans la majorité des cas , ils étaient à la tête d’un big band avant d’occuper cette position , c ‘est parfois d'ailleurs cette formation qui s’est transformée en ONJ . Dans mon cas, c ‘est très différent , pas parce que c ‘est moi mais parce que le poste de directeur artistique a été défini avec des termes nouveaux dans le cade d’un souhait d'évolution émanant de cette institution .Je suis à la tête d’un projet d’orchestre qui me fait intervenir en tant que directeur artistique. Dans ces deux termes il y a donc l’idée de définir une direction et de voir ce quelle elle va être .

J ‘ai fait le choix personnel de monter un orchestre de toutes pièces constitué de musiciens qui ne se connaissaient pas pour la plupart et que je ne connaissais pas non plus . Cette sélection a été le fruit d’un travail de repérage intense et passionnant ,trois mois, environ trois cent musiciens entendus...

Nous avons chez nous un vivier d ‘artistes passionnants , j ‘avais envie de la faire savoir et aussi de montrer que la guerre des chapelles est terminée(ou vaine ) .Dans mon orchestre , il y a des musiciens qui viennent du bop , du free, de la musique contemporaine , du métal ou de la musique électronique. La plupart d’entre eux maîtrisent plusieurs instruments et plusieurs “styles”, aux vues de nos discothèques , on observe que ces choix sont guidés par la curiosité , la passion , le monde est vaste , ne le rétrécissons pas ...Le reste est de mon ressort , harmoniser tout cela , faire des différences des forces , créer de nouvelles dynamiques…
Ma fonction est donc, entre autre, de définir ces directions mais aussi de choisir les bonnes personnes aux bons postes sur le terrain, des musiciens aux arrangeurs , compositeurs .Une fois ce choix déterminé , je dois accompagner ce projet et le faire grandir et évoluer sans cesse .Un des intérêts majeurs de mon travail, à mon sens , est aussi de faire découvrir à mes partenaires des territoires sur lesquels ils ignorent qu' ils peuvent aller et de les pousser subtilement dans ces directions ... Un peu comme un metteur en scène qui mesure le potentiel d’un acteur mais aussi sa marge de souplesse et d’évolution. Les projets les plus réussis sont pour moi ceux pour lesquels chacun s’est dépassé et a découvert des zones ignorées de lui-même .

Sur votre site, vous mentionnez les soutiens de personnalités aussi diverses que Bertrand Burgalat (fondateur du label Tricatel), la réalisatrice Claire Denis ou Laurent Garnier, l'un des papes de l'électro française. En quoi font-ils partie de la famille élargie de l'ONJ?

Ce soutien est avant tout symbolique , c’est une sorte de parrainage. Ces personnalités donnent une idée assez vaste des chemins par lesquels nous pouvons passer , des associations potentielles avec d'autres musiques mais aussi d'autres formes artistiques . Elles symbolisent aussi un intérêt ( de leur part ) pour une formation s'est promis de ne jamais dormir sur ses deux oreilles. Dans l ‘orchestre, en tournée , on parle autant cinéma littérature que musique .N’oublions pas que dans la liste de ces personnalités , il y a également Martial Solal, René Urtréger , il n’a jamais été question de remettre en cause notre attachement à l’histoire du Jazz et aux multiples chemins qu'il a dessiné.




Quelles sont les spécificités de l'ONJ? Comment le vendre à des gens pour qui le jazz c'est encore cette musique «née aux États-Unis au début du xxe siècle, d'un mélange de musiques élaborées par les Noirs américains (Source Wikipédia)»?

Il me semble que chacun a accès à Wikipédia , il semble qu’il y ait pas mal de précisions à ajouter ...
Les spécificités de l ONJ , il faudrait quelques pages pour les décrire ... Il y a l ‘aspect historique , d’une institution qui sera bientôt âgée d’un quart de siècle, ce n 'est pas rien...

En ce qui me concerne ,j ‘essaie de proposer une vision honnête et personnelle de ce que peut être le Jazz aujourd’hui .Le Jazz , dès sa naissance est une musique de mélanges , il est né ainsi et ses plus belles évolutions ont perpétué cette recherche de territoires artistiques qui pourraient la rendre plus riche ... Un survol du parcours de Miles Davis en donne une magnifique illustration,il n ‘est pas le seul bien sûr …
La question de comment vendre les choses est importante mais il ne faut pas sous-estimer ce que vous appelez “les gens”.

Au cours de ma vie de musicien , j’ai remarqué à maintes reprises ,et c ‘est sans doute encore plus flagrant aujourd’hui avec l Orchestre National de Jazz,que le public était prêt à vivre un moment intense sur le plan artistique même s’il ne correspond pas exactement à l ‘idée qu’ils se faisaient de leur soirée en se procurant leur place .Je pense souvent à notre comportement au cinéma – Je suis très cinéphile et le cinéma est une référence récurrente dans mon travail -On entre dans la salle , le noir se fait et on pour la plupart prêts à toutes les aventures , on retrouve un peu de son âme d’enfant , on est prêts à aller partout ...
La culture , les références , c’est fondamental mais cela doit être un outil pour s’alléger et pas s’encombrer d’imposants bagages ... J ‘écoute de la musique depuis toujours , beaucoup et partout . Je pense avoir développé une capacité d’analyse assez opérante mais lorsque je suis chez moi et que je découvre un nouvel album , je retrouve mon regard d’enfant , je voyage léger.
C 'est cette dimension d'aventure qui est au centre de mon travail et a fortiori de ce que je souhaite offrir au public.


Après des programmes conçus autour de Robert Wyatt et Billie Holliday, vous vous êtes attaqué au Carmen du cinéaste de la démesure Cecil B. DeMille. Où cherchez-vous à emmener vos spectateurs?
J’ai partiellement répondu à cette question dans la précédente mais je dirais “ailleurs”, comme je l'ai dit précédemment au sujet mes partenaires ou mes musiciens . Attention , il ne s’agit pas d’un enlèvement - pas de violence ni de provocation - cela ne me semble pas nécessaire . C ‘est du voyage , organisé par nous , sans escales obligatoires .



Votre site dit que vous possédez près de 30'000 disques. Vous êtes un boulimique all styles ou alors vous avez des marottes très personnelles?
Je m’intéresse au monde , à ce qu’il a été , est et deviendra . En ce sens , si j'ai des balises , je n’ai pas d’obsessions durables .C ‘est par vagues et aussi parfois en fonction de ce que je recherche , de là où va mon plaisir ou mon étude...
Le style n ‘est pas réellement une question qui me tracasse , je peux écouter dans la même soirée( parfois dzns la même heure …) Duke Ellington ,Chaurasia , Ligeti , Autechre , Talking Heads et Monteverdi ... La beauté de la musique c ‘est qu’il y en a pour tous et pour chaque moment .D’ailleurs , une de mes obsessions est de trouver la musique qui correspond au lieu, aux personnes présentes et à l’instant .C ‘est ainsi que j’ai commencé à faire des mix d’ailleurs .



Et s'il n'y en avait qu'un à garder, quel serait-il? Le premier?

Aucune idée .Probablement aucun , plutôt le souvenir de tous .




Vous multipliez les projets que ce soit à la tête de l'ONJ ou dans vos projets solo... Qu'est-ce qui vous fait avancer?
Ce qui me fait avancer aujourd’hui , c’est la même chose que ce qui me faisait avancer à 12 ans , 15 ans 20 ou trente . La soif de découvrir et de faire découvrir , ce que cela génère sur le plan humain .L’imprévu et l’inconnu, l'essence du Jazz à mon avis , et de out projet artistique . J'ai toujours été passionné par la musique , elle me rends heureux , profondément .Par ailleurs ,je pense qu’elle peut élargir un peu notre niveau de conscience, nous éveiller , tenter d’offrir cela aux autres , c ‘est peut-être ma façon à moi d’être engagé politiquement .



Vous semblez travailler avec pléthore d'artistes associés dans les différents projets que vous menez, une sorte d'armée mexicaine hyper select. Vous aimez ainsi fonctionnez en groupe et tisser des passerelles entre les mondes, limite vous effacer derrière le projet? voir ce qui va sortir de la confrontation entre des univers différents?
J ‘aurais envie de répondre oui à ces affirmations. ( pas sûr d’avoir d’énormes affinités avec l ‘armée mexicaine en revanche ).M’effacer ? J’ai pu remarquer que beaucoup le pensent mais moi je ne le crois pas , je n’ai pas besoin d’être plus dans la lumière .C’est résultat de mon travail qui est mis en lumière , je pense que les gens le comprennent .

Par exemple , j'ai fait avec l ONJ un choix (de raison ) de ne pas jouer dans l 'orchestre, je pense que je suis un meilleur directeur artistique lorsque je n 'ai pas un instrument entre les mains .Mon travail au sein de l 'orchestre nécessite une attention de tous les instants , une capacité à écouter intensément ( à la scène comme au disque ) et d'avoir le recul suffisant pour donner des directions précises et stimulantes à la musique et à mon orchestre .J 'aime profondément jouer et je prends soin de ne pas me priver de ce plaisir mais ce n 'est pas le bon contexte, pour le moment en tous cas . Ce serait peut-être plus valorisant pour moi de jouer aussi mais ce qui m'importe c'est le résultat et je sais ce qui fonctionne pour moi et pour l 'orchestre .

… Et puis un metteur en scène ne joue pas systématiquement dans ses pièces, un cinéaste dans ses films … Tout comme un chorégraphe ne danse pas toujours ce qu'il imagine et mets en place.

J’ai aussi des activités plus solitaires mais c ‘est vrai que même dans les projets sous mon nom , il y a toujours ce besoin de créer des dynamiques.

Tisser des passerelles , c 'est un truc que je fais depuis tout môme dans ce que j'écoute .À quatorze ans , je me souviens , ma passion , c'était de me perdre dans des musiques que je ne comprenais pas , pour jouir de cet état d'errance , être "lost in translation " . Et puis , jouir de quelque chose sans vraiment comprendre ce qui actionne ce mécanisme , c'est beau non ?

Une autre chose que vous évoquez qui me semble être un des éléments clés de mon travail , c'est mettre en présence , faire se découvrir , se confronter , je l'ai fait ( et le fais encore au sein de l ONJ ) mais je pense que c'est un moteur formidable de naissance artistique , on croit trop souvent que " qui se ressemble s'assemble " mais cela n 'est pas forcément vrai dans le domaine de la musique , ou en tous cas , ce n 'est pas toujours la consanguinité ce qui génère les choses les plus passionnantes . Regardez encore une fois du côté de chez Miles , associer un bassiste de soul ( Michael Henderson ) à un pianiste de Jazz que l'on fait jouer du Fender( Keith Jarret ) … On retrouve cela chez Brian Eno lorsqu'il introduit l'Afrique chez Talking Heads ( dans Remain Light ) , il fallait y penser , il y avait de cela dans leur musique avant mais personne ne l'avait décelé ni conceptualiser de cette manière . Après , tout l 'art des grands , c 'est de ne pas en faire une carte postale , de savoir dans quels interstices mettre le mastic et comment fabriquer une nouvelle créature avec tout cela.

Dancing

Debout en dansant sur Deniece Williams Song Bird , produit par Maurice White , God made them funky !
Bon , bon , bon

Sacré Jeannot

Même beauté, tant soit exquise,
Rassasie et soûle à la fin.
Il me faut d'un et d'autre pain:
Diversité, c'est ma devise. (Jean de La Fontaine, Pâté d'Anguille)

Saturday, September 25, 2010

Peace

Voilà une vidéo plutôt marquante qui nous donne à penser que tout pourrait être plus simple , ça vaut peut-être le coup d'y croire ....

Tuesday, September 21, 2010

Tout un empire

En écoutant "Empire " de Scott Colley , un disque très estimable , je me disais que les grands , les très grands, ne faisaient finalement qu'être eux-mêmes lorsqu'on les invite , et c'est là bien naturel.
Le grand en l 'ocurence ,( et il l'est dans toutes les acceptions du terme ) c 'est Bill Frisell , il est tellement là , tellement lui, qu'on se prend parfois à confondre "Empire "avec un des disques du génial guitariste binoclard , c 'est curieux ...C 'est beau aussi

Monday, September 20, 2010

Georgia on my mind

On n 'arrête pas le progrès et j'ai grand hâte d'avoir 14 ans .

Playlist

ça faisait un bail ...
Voilà celle du moment , ce que j 'ai en tête
A vous pour la suite ...

Szymanowski: Violin Concerto No. 1 & Symphony No. 3

Admiral Radlley Heart California

BlackMilk Album of the year
Deer Tick The Black Dirt Session
Sean Levitt
Circles and caligrams benoît Delbecq
Lee Hazelwood Califia
Jan bang and poppies from kandahar
Danyel Waro Aou Amwin
Bill Stewart Incandescence
Duke Ellington the Blanton Webster years
Ornette Coleman Coplete Live at the Hillcrest Club
Motionlee Lee Konitz ( 3cd edition )
here My dear Marvin Gaye deluxe
Arvo Pärt Cantique /K.Järvi
danilo rea a tribute to Fabrizio De Andre
mark Olson Many colored Kite
john Legend / The Roots Wake Up
Antonio Sanchez Live in New York
Talking Heads The name of this band ...
Miles Davis "The Cellar Door sessions "
Bourvil Bien ... Si Bien
Grant Stewart Around The Corner
Bilal Airtight's Revenge

Alex Ross

Pour attirer l 'attention sur l 'excellent bouquin d'Alex Ross "The rest is noise "



Maria Callas died on Sept. 16, 1977. What happens at 3:30 is, for me, one of the great moments in recorded music. I write about it in the Verdi chapter of my new book:

"Love me, Alfredo, as much as I love you. Goodbye!" ... In the tense passage leading up to the outburst, the soprano adopts a breathless, fretful tone, communicating Violetta’s initially panicked response to the situation — vocal babbling, the Verdi scholar Julian Budden calls it. Then, with the trembling of the strings, she seems to flip a switch, her voice burning hugely from within. When she reaches up to the A and the B-flat, she claws at the notes, practically tears them off the page, although her tone retains a desperate beauty. Her delivery is so unnervingly vehement — here is what Björk, in her discussion of Callas, called the “rrrr” — that it risks anticlimax. Where can the opera possibly go from here? When you listen again, you understand: Violetta’s spirit is broken, and from now on she will sing as if she were already dead.

la toute première

On ne va pas bouder notre plaisir de lire cette toute première chronique


sur www.lesdnj.com/article-onj-shut-up-and-dance-57359091.html

ONJ : « Shut up and dance »

Bee Jazz 2010

Eve Risser (p, fl), Vincent Laffont (kybd, p), Antonin Ti-Hoang (as, cl, clb, p), Mathieu Metzger (as, ss, trombophone), rémi Dumoulin (ts, cl, clb), Joce Mienniel (fl, flb, elc), Guillaume Poncelet (tp, fch), Pierre Perchaud (g), Sylvain dabiel (elecb), Yoann serra (dm)


Immense ONJ ! Cela devient désormais une évidence lumineuse : si nous avions un peu boudé les débuts tâtonnants de l’ONJ dans sa nouvelle formule, c’est tout simplement qu’il lui manquait quelque chose d’essentiel : un album de référence, un répertoire original. C’est exactement ce que Daniel Yvinec nous propose ici. Et quel répertoire ! Et quels musiciens ! Et quelle intelligence dans les compositions et les arrangements !

Il faut dire, et là est toute la force du travail de direction artistique d’Yvinec qui prend ici tout son sens, que l’orchestre après s’être inspiré de Wyatt, de Billie Holiday ou de Carmen s’appuie enfin sur son propre matériel, un répertoire conçu tout spécialement pour lui par John Hollenbeck le génial batteur américain (Claudia quintet), chef d’orchestre ( John Hollenbeck large ensemble) et grand compositeur.

La rencontre entre les deux hommes est fondamentale et prend racine dans la diffusion par une radio américaine du travail de l’ONJ sur Robert Wyatt. Musique entendue de l’autre côté de l’Atlantique par le compositeur, immédiatement séduit et tenté par l’aventure d’un travail en commun avec cet Orchestre National de Jazz français dans le cadre d’un candidature pour une bourse dédiée à un programme d’échange franco-américain autour du jazz.

La force de l’album va venir avant toute chose d’une compréhension très intime d’Hollenbeck de la personnalité de chacun des membres de ce tentet auquel il dédie chacun des 11 titres à raison de 1 par musicien + 1 pour le groupe dans son ensemble. Avec 10 personnalités musicales aussi fortes que celles qu’affirment désormais ces jeunes musiciens le projet aurait pu se montrer kaléidoscopique s’il n’avait mit au contraire en exergue la formidable complémentarité complicité qui, projet après projet, scène après scène, existe désormais dans cette jeune formation. Hollenbeck leur donne le moyen d’exister avec autant de force individuelle (tous les solistes sont absolument magnifiques) qu’au service du jeu collectif et d’une pâte orchestrale qu’ils parviennent grâce à une direction d’orchestre réglée avec un soin d’orfèvre à faire vivre avec passion.

La base de ce travail d’écriture fut pour Hollenbeck le projet qu’Yvinec souhaitait dédier à la danse et au rythme. L’approche qu’il en fait est remarquable par sa subtilité et son intelligence. Evitant les pièges du bon vieux swing qui groove ( ce qui n’aurait pas été très passionnant) Hollenbeck invoque le rythme par touches, par rappels. Comme il le dit lui-même, en créant le lien « entre le mouvement et l’émouvant ».

Le compositeur parvient alors à marier un espace musical très vaste, une musique aérée à un discours dense dont les grilles de lecture ne cessent de varier. Où un tiroir se ferme pour laisser un autre s’ouvrir. Le rythme s’installe ou se devine, joue un jeu d’ombres toujours passionant. Rythme primaire,binaire, ternaire ou quarternaire que sais-je ! La pulse s’installe toujours, omniprésente mais jamais lourde. Elle est électro ou jazz-fusion avec Pierre Perchaud ou Africaine et tribale avec Joce Mienniel. Elle se propage par une simple balle de ping pong sur les cordes du piano préparé de Eve Risser dont on connaît la percussivité du jeu ( formidable et ténébreuse sur Shaking peace). Elle transpose le rythme primaire de « claves africaines » ( joué sur des tubes en PVC) dans un hommage collectif à Bob Brookemeyer. C’est aussi la danse comme dans ce Praya Dance aux tourneries d’un chamanisme moderne.

Mais l’approche de Hollenbeck est subtile. Pour que la force du rythme apparaisse, il faut qu’elle disparaisse aussi. D’où cette lecture jamais linéaire. D’où ces passages transitionnels où l’orchestre semble s’appesantir, se muer lentement dans un entre-deux avant de renaître au morceau suivant mettant alors en évidence la pulse dans toute sa force tellurique. C’est ainsi que prend tout son sens le phrasé incandescent d’Antonin Tri-Hoang ( sur Melissa Dance) ou lyrique de Mathieu Metzger ( sur Bob Walk) tous les deux formidables. Il n’est que d’entendre ce Falling Dance et de prêter attention à la progression harmonique et rythmique menée par Guillaume Poncelet, brillantissime. Écriture et orchestration superbe, morceau à lecture multiple et à la géométrie variable. Moment fort où le soliste et l’orchestre font corps, solidaires et unis. Et cette simple cohésion suffit à l'émotion, ainsi que le souhaitait Hollenbeck lui même.

Et toujours l’orchestre dans son ensemble qui vit et se meut sous la houlette du jeune batteur Yoann Serra exceptionnel , exemplaire et littéralement explosé jusqu’à ce bouquet final à lui dédié et qui laisse ses dernières notes comme les empreintes fortes qui s’effacent doucement après la tempête. La musique alors transcende.

Définitivement emballant on a le sentiment de voir éclore enfin ce jeune orchestre si prometteur avec un album qui fera date dans l’histoire de l’ONJ. On le passe et le repasse sans lassitude. Car on a la cerittude d'avoir assisté à un moment de pure création. Un orchestre, un grand orchestre naît ici . Il prend la dimension des très grands, du calibre des Maria Schneider, des Mathias Ruegg et des….. Hollenbeck.

Jean-marc Gelin pour DNJ

matière grisatre

Hello everyone ,
C 'est pas mal de penser parfois à ceux dont on dit qu'ils réfléchissent .... ..... ....
Cette phrase obscure pour annoncer un peu de nourriture à venir pour nos grises matières

"À part peut-être certains secteurs de la physique, la plupart [des questions savantes] peuvent être exprimées à l’aide de mots très simples et dans des phrases très courtes. Mais si vous faites cela, vous ne devenez pas célèbre, vous n’obtenez pas d’emploi, les gens ne révèrent pas vos écrits. Il y a là un défi pour les intellectuels. Il s’agira de prendre ce qui est plutôt simple et de le faire passer pour très compliqué et très profond. Les intellectuels se parlent entre eux, et le reste du monde est supposé les admirer, les traiter avec respect. Mais traduisez en langage simple ce qu’ils disent et vous trouverez bien souvent soit rien du tout, soit bien des truismes, soit des absurdités. Noam Chomsky
pas idiot d'y penser , de mesure l 'importance des choses à l'aune de ce qu'elles sont réellement , parfois "simple ain't easy "
A (ré)écouter Red Mitchell - Simple ain't easy (Sunnyside) , un grand disque par un homme qui aurait pu en dire plus ..

Tuesday, September 07, 2010

Shut Up And Dance - 2010

Saint louis , sous son chêne le faisait bien ...

En écoutant avec grande attention "Circles and Calligrams"(songlines) de Benoît Delbecq ...
Je connais l 'homme depuis 1987 ( nous nous sommes rencontrés lors d'un stage assez dingue à Montpellier où nous étions l 'un et l 'autre des élèves plus qu'attentifs ). On s'est croisés de façon très épisodique pendant toutes ces années où chacun a fait son petit bout de chemin en gardant un oeil et quelques oreilles attentives sur le travail de l 'autre .
Récemment , nous avons travaillé ensemble , pour " THE LOST CROONERS", un de mes disques pour lequel je lui avais demandé d'apporter ses oreilles , son enthousiasme et son esprit d'ouverture ,on avait même fini par enregistrer en trio avec Stéphane Galland , de façon totalement spontanée une version du "Smile" de Chaplin et un "Everything Happens to me" qui ont l 'un et l 'autre atterris d'office sur la galette, un coup de frais sur ces belles chansons , gravées dans sous le sceau de la confiance , sans a priori ni conditions . Ensuite , le Carmen avec l Orchestre National de Jazz , et pas mal de petits istants volés autour d'un thé à la menthe, à refaire quelques régions du monde .
Je lui disais l'autre soir , à la faveur d'un de ces moments , à quel point j'estimais que son pays de résidence ( la France ) l'oubliait un peu trop . L 'écoute de 54:36 en solo me confirme à quel point Benoît Delbecq est indispensable . Il manie des théorèmes rafraichissants avec la candeur d'un jeune enfant qui regarde le monde , sa musique est souple , colorée de façon étrange et familière , les rythmes s'y entrecroisent comme dans une belle usine où chacun construirait le bonheur de l 'autre .Beaucoup de culture , d'imagination , pas un gramme de pose , seulement la force de la pensée d'un musicien qui ne s'écoute pas , sans miroir mais avec l' éclat permanent que donne à la vie l'inspiration . Lorsqu'il inspire ou s'inspire , B.D expire , il pense à respirer , jamais ses méditations rythmiques ne sont ostentatoires , elles naviguent avec une boussole certes mais qui indiquerait le nord dans plusieurs directions.
.Ses coreligionnaires , Fred Hersh , Ethan Iverson , Andy Milne et d'autres ne s'y trompent pas , ils suivent l'affaire de très près , se déplacent pour l'écouter , le sollicitent , ce n 'est pas rien ( s'il fallait une caution , alors ce serait cela ... )
Benoît Delbecq est certainement une des plus belles choses qui soient arrivées au piano ( et pas seulement ) depuis belle lurette . Nul besoin d 'attendre que d'autres nous alertent , il suffit de s'éveiller au son de ce splendide opus, d'une confondante limpidité ( ou d'un autre du même auteur , il n 'y a guère de déchets chez cet homme-là ) pour réaliser qu 'il est indispensable que cela SE SACHE ...